Le monde des petits moteurs essence s’est métamorphosé au début des années 2010. Au cœur de cette révolution, Renault lance son 1.2 TCe, un moteur qui fait couler beaucoup d’encre. Entre prouesses technologiques et faiblesses chroniques, ce bloc motorisé divise autant qu’il fascine. Dix ans après son lancement, l’heure du bilan a sonné : succès technique ou échec technologique ?
Qu’est ce que le moteur 1.2 TCe Renault ?
Dans la course effrénée à la réduction des émissions, Renault frappe fort en 2012 avec son nouveau moteur essence. Le 1.2 TCe ne se contente pas de succéder au vieillissant 1.2 16V atmosphérique : il inaugure une nouvelle philosophie où le downsizing règne en maître. Imaginez extraire la puissance d’un 1.6 atmosphérique d’une cylindrée réduite à 1197 cm³ : voilà le défi relevé par les ingénieurs de Renault.
Cette prouesse technique repose sur un cocktail technologique sophistiqué. Le bloc en aluminium, plus léger et plus compact que jamais, intègre des solutions dignes des motorisations haut de gamme. L’injection directe à haute pression (200 bars) travaille de concert avec un turbocompresseur à géométrie fixe spécialement développé pour minimiser le temps de réponse. Un mariage complexe qui permet d’obtenir un couple généreux dès les plus bas régimes.
Innovations technologiques majeures :
- Turbocompresseur à double entrée avec waste-gate pilotée électriquement
- Système d’injection directe de dernière génération
- Distribution variable intelligente côté admission
- Technologies de réduction des frottements
- Gestion thermique évoluée
En quelle année est sorti le moteur 1.2 TCe ?
2012 marque un tournant dans l’histoire des motorisations Renault. Le lancement du 1.2 TCe sous le capot de la Mégane III symbolise l’entrée fracassante de la marque dans l’ère du downsizing sophistiqué. Un choix audacieux qui tranche avec la simplicité mécanique des générations précédentes.
L’évolution de ce moteur raconte l’histoire d’un perfectionnement constant. Des premiers exemplaires de 115 chevaux aux versions ultérieures développant 130 chevaux, chaque année apporte son lot d’améliorations. Le bloc bénéficie notamment d’évolutions significatives en 2014 puis en 2016, visant à renforcer sa fiabilité et à optimiser ses performances.
La chronologie détaillée illustre cette quête de perfection :
- 2011 : Finalisation du développement et tests intensifs
- 2012 : Lancement commercial sur Mégane III
- 2014 : Première évolution majeure (chaîne de distribution)
- 2016 : Mise à jour pour les normes Euro 6
- 2018 : Dernières optimisations avant l’arrivée du 1.3 TCe
Distribution par chaîne ou courroie ?
Le choix d’une distribution par chaîne pour le 1.2 TCe illustre parfaitement les ambitions et les défis de ce moteur. Sur le papier, l’idée semblait séduisante : une distribution « à vie » devant théoriquement accompagner le moteur jusqu’à sa fin de vie. La réalité s’est malheureusement révélée plus complexe.
La chaîne de distribution constitue le point noir majeur de ce moteur. Une fragilité qui se manifeste parfois dès 80 000 kilomètres, particulièrement sur les premiers millésimes. Les symptômes ne trompent pas : claquements au démarrage, bruit métallique persistant, jusqu’à la rupture dans les cas extrêmes.
L’origine de ces défaillances est multiple :
- Un tendeur de chaîne à la conception perfectible
- Une sensibilité extrême aux intervalles de vidange
- Des contraintes thermiques importantes
- Un circuit de lubrification complexe
Est-ce que le moteur 1.2 TCe est fiable ?
La fiabilité du 1.2 TCe nécessite une analyse nuancée. Ce moteur reflète parfaitement les défis du downsizing moderne : sophistiqué mais exigeant, performant mais sensible. L’expérience montre qu’il peut atteindre des kilométrages honorables, à condition de respecter scrupuleusement son entretien.
La longévité dépend essentiellement de trois facteurs clés :
- La rigueur dans le suivi des entretiens
- La qualité des huiles utilisées
- Le style de conduite adopté
Problèmes fréquents du moteur 1.2 TCe
Passons en revue les points sensibles de ce moteur qui nécessitent une attention particulière :
La chaîne de distribution : le point noir majeur
Le talon d’Achille du 1.2 TCe se situe au niveau de sa distribution. Un problème particulièrement critique sur les premiers millésimes jusqu’en 2014. La défaillance peut survenir dès 80 000 kilomètres, nécessitant un remplacement complet de la distribution.
Les symptômes d’une chaîne fatiguée sont caractéristiques :
- Claquements métalliques au démarrage
- Bruits de chaîne persistants à chaud
- Vibrations anormales au ralenti
- Dans les cas extrêmes, casse moteur
Le remplacement complet (chaîne, tendeur, guides) coûte entre 1500€ et 2000€. Une intervention préventive est vivement conseillée sur les anciens modèles dès l’apparition des premiers symptômes.
Consommation d’huile excessive
La consommation d’huile constitue l’autre point sensible du 1.2 TCe. Un problème qui touche particulièrement les modèles produits avant 2015. Le moteur peut consommer jusqu’à 1 litre d’huile tous les 1000 km dans les cas les plus sévères.
Les causes sont multiples :
- Segmentation perfectible
- Dépôts carbone sur les pistons
- Encrassement des soupapes
- Retour d’huile turbo défaillant
Le coût des réparations varie selon l’origine du problème :
- Simple décalaminage : 300€
- Remplacement des segments : 2000€
- Réfection complète : jusqu’à 4000€
Problèmes de bobines d’allumage
Les bobines d’allumage montrent parfois des signes de faiblesse prématurée, particulièrement sur les premiers millésimes. Les symptômes se manifestent par :
- Des ratés d’allumage
- Des à-coups en accélération
- Une perte de puissance
- Un voyant moteur allumé
Le remplacement d’une bobine coûte environ 150€, pose comprise. Il est recommandé de les changer par paire pour équilibrer le fonctionnement.
Quelles voitures sont équipées du moteur 1.2 TCe ?
Le 1.2 TCe a équipé une large gamme de véhicules, non seulement chez Renault mais aussi chez Nissan et Dacia :
Marque | Modèle | Années | Puissance |
---|---|---|---|
Renault | Mégane III | 2012-2016 | 115-130 ch |
Renault | Captur | 2013-2018 | 120 ch |
Renault | Clio IV | 2012-2019 | 120 ch |
Renault | Scénic III | 2012-2016 | 115-130 ch |
Dacia | Duster II | 2013-2018 | 125 ch |
Dacia | Lodgy | 2012-2018 | 115 ch |
Nissan | Qashqai | 2014-2018 | 115 ch |
Nissan | Juke | 2014-2018 | 115 ch |
Quel est le meilleur moteur essence Renault ?
Face au récent 1.3 TCe et à l’ancien 1.6 16V atmosphérique, le 1.2 TCe occupe une position intermédiaire. Chaque motorisation présente ses avantages et inconvénients.
Le 1.2 TCe se distingue par :
- Une consommation maîtrisée
- Des performances satisfaisantes
- Un agrément de conduite plaisant
- Une compacité appréciable
Le 1.3 TCe plus récent offre :
- Une meilleure fiabilité globale
- Plus de puissance disponible
- Une conception plus moderne
- Moins de problèmes chroniques
Conclusion
Le 1.2 TCe représente une page contrastée dans l’histoire des motorisations Renault. D’un côté, ce moteur impressionne par ses performances et son efficience. De l’autre, ses faiblesses chroniques, particulièrement sur les premiers millésimes, en font un choix qui nécessite une attention particulière.
Pour l’acheteur en 2024, plusieurs éléments sont à considérer :
- Points positifs :
- Performances satisfaisantes
- Consommation raisonnable
- Prix attractifs sur le marché de l’occasion
- Agrément de conduite
- Points de vigilance :
- Historique d’entretien impératif
- Préférer les versions post-2014
- Budget à prévoir pour la maintenance
- Surveillance régulière des niveaux d’huile
En définitive, le 1.2 TCe peut constituer un choix intéressant à condition de :
- Sélectionner un exemplaire récent (post-2014)
- Vérifier scrupuleusement l’historique d’entretien
- Prévoir un budget maintenance conséquent
- Respecter rigoureusement les intervalles de vidange
Un moteur qui illustre parfaitement les défis du downsizing moderne : quand la recherche de performances se heurte aux exigences de fiabilité. Une expérience qui aura au moins permis à Renault de tirer les leçons nécessaires pour le développement de son successeur, le 1.3 TCe.